Walt Kowalski est un vieillard aigri, vétéran de la guerre de Corée, qui vit reclus et solitaire dans une banlieue de Detroit. Clint Eastwood, acteur et réalisateur, interprète avec naturel et simplicité le quotidien d’un vieillard taciturne et raciste qui s’exprime à coups de grognement de pitbull lorsqu’on vient le déranger dans sa demeure, que ce soit par sa famille ou ses nouveaux voisins « faces de citron » qu’il ne peut supporter. Car Walt ne supporte plus personne, mise à part sa chienne Daisy, sa superbe Ford Gran Torino et son gazon bichonnés. Abandonné par l’histoire et ses amis défunts, il s’accroche à sa décoration de guerre, qu’il garde enfouie dans la cave et lui rend symboliquement honneur. Le contraste avec le voisinage est d’emblée affiché : à l’entrée de sa porte trône le drapeau américain tandis qu’à côté piaille toute une famille de voisins hmongs émigrés, qu’il méprise.
Le personnage semble emprunt d’une nostalgie inguérissable, en référence à ces hommes blancs et virils aux valeurs traditionalistes de l’Amérique colonialiste, désorientés par une société moralisatrice ouverte aux différences. Walt vient de l’industrie automobile locale et peste sur tout ce qui vient de l’étranger, particulièrement la voiture de son fils. Il jure sur tout ce qui n’est pas blanc, à coups de "négros", "chinetoque" ou "rital", et regarde d’un mauvais œil ces jeunes d’aujourd’hui qui exhibent leurs piercings et perdent tout sens des valeurs. Mais il ne faut jamais se fier aux apparences, tel est le credo du film. Walt n’est pas qu’un vieil acariâtre de 78 ans, obsédé par sa carrière militaire de meurtrier qui découpait à coup de machettes les enfants coréens. Malgré lui, il se lie d’amitié avec la jeune Sue et son frère Thao, jeunes hmongs de la communauté voisine. Car derrière toute cette rigidité, il y a la solitude d’un homme meurtri par le passé. Il fait alors face à ses préjugés raciaux. Et lorsque surgit une bande de voyous hmong, le cowboy justicier qui sommeille en Walt prend du poil de la bête. Il a beau ne pas être politiquement correct, sortir une arme pour effrayer les autres, il retrouve en parallèle un peu d’humanité. L’ange gardien prend possession du personnage autrefois aigri et éteint, qui ne reconnaît pas de Dieu. Impénétrable, il ne l’est plus tant que ça. Même le jeune prêtre qui tentait en vain de l’amener à se confesser et qu’il prenait un malin plaisir à qualifier de « puceau de 27 ans », réussit à briser la glace. Walt devient malgré lui le héros d’une communauté d’immigrants : la voie vers la rédemption. En quelque sorte, un soulagement pour Walt.
Le cowboy métaphysicien, comme on l’appelait dans ses westerns, s’ouvre à de nouvelles émotions : le partage et la tolérance de l’autre (lors de sa première intrusion dans l’univers de ses voisins hmongs au cours d’un banquet copieux), il en devient même maladroit et touchant lorsqu’il ne sait pas comment se placer au milieu de ses jeunes Hmongs et qu’il se met dans un coin, s’essayant une pause de jeunot sur un frigo, qui se met à basculer... et qu’il se met aussitôt à réparer ! Walt se surprend à laisser libre cours à ses émotions, il retrouve son humanité perdue avec cette famille hmong, avant même de manifester du souci à nouveau pour sa propre famille (lorsqu’à la fin du film il se décide à appeler son fils, juste pour savoir s’il va bien).
En deuxième partie de film, lors de la transformation, on retrouve alors un peu tous les personnages de Clint Eastwood réunis en Walt Kowalski, dont Harry, le cow-boy des temps modernes qui n’a pour religion que son Magnum 44 et qui se veut le pourfendeur d’une criminalité de plus en plus présente. L’humour aussi a la part belle dans le personnage de Walt, un humour grossier et raciste qui en devient touchant. Oscillant entre force d’esprit et fragilité physique, il est toujours stoïque, même à l’approche de la mort. Le film évolue en espace clos, les jours défilent à la manière d’une pièce de théâtre, et progressivement, car il ne se passe quasiment rien au début. Mais cet attentisme provoqué à tort n’est que la juste interprétation d’une histoire simple et authentique sur l’humanité. Non, à la fin le justicier ne sortira pas sa kalachnikov, mais se laissera mourir face au gang. La mort côtoie l'héroïsme, qui a toujours ses moments de faiblesse, thème récurrent du réalisateur.
Doit-on voir dans ce récit cinématographique une forme d’autobiographie de l’acteur et réalisateur Clint Eastwood ? Sans doute, car les faiblesses d’un homme d’âge mûr semblent si bien coller à la peau de Clint, comme lorsqu’il se lève essoufflé par l’effort et gravit avec peine les marches de la maison ou lorsqu’il tape du poing et savoure une cigarette. Peut-être y trouvera-t-on aussi une réponse aux reproches adressées à ses rôles de fascistes insensibles, en nous livrant en fin de carrière un film profondément humain. Il n’est jamais trop tard pour changer et donner un sens à sa vie. On se laissera bercer par la Musique jazz du générique de fin, avec la chanson "Gran Torino" interprétée en partie par Clint Eastwood lui-même, un dernier clin d’œil ?
Le personnage semble emprunt d’une nostalgie inguérissable, en référence à ces hommes blancs et virils aux valeurs traditionalistes de l’Amérique colonialiste, désorientés par une société moralisatrice ouverte aux différences. Walt vient de l’industrie automobile locale et peste sur tout ce qui vient de l’étranger, particulièrement la voiture de son fils. Il jure sur tout ce qui n’est pas blanc, à coups de "négros", "chinetoque" ou "rital", et regarde d’un mauvais œil ces jeunes d’aujourd’hui qui exhibent leurs piercings et perdent tout sens des valeurs. Mais il ne faut jamais se fier aux apparences, tel est le credo du film. Walt n’est pas qu’un vieil acariâtre de 78 ans, obsédé par sa carrière militaire de meurtrier qui découpait à coup de machettes les enfants coréens. Malgré lui, il se lie d’amitié avec la jeune Sue et son frère Thao, jeunes hmongs de la communauté voisine. Car derrière toute cette rigidité, il y a la solitude d’un homme meurtri par le passé. Il fait alors face à ses préjugés raciaux. Et lorsque surgit une bande de voyous hmong, le cowboy justicier qui sommeille en Walt prend du poil de la bête. Il a beau ne pas être politiquement correct, sortir une arme pour effrayer les autres, il retrouve en parallèle un peu d’humanité. L’ange gardien prend possession du personnage autrefois aigri et éteint, qui ne reconnaît pas de Dieu. Impénétrable, il ne l’est plus tant que ça. Même le jeune prêtre qui tentait en vain de l’amener à se confesser et qu’il prenait un malin plaisir à qualifier de « puceau de 27 ans », réussit à briser la glace. Walt devient malgré lui le héros d’une communauté d’immigrants : la voie vers la rédemption. En quelque sorte, un soulagement pour Walt.
Le cowboy métaphysicien, comme on l’appelait dans ses westerns, s’ouvre à de nouvelles émotions : le partage et la tolérance de l’autre (lors de sa première intrusion dans l’univers de ses voisins hmongs au cours d’un banquet copieux), il en devient même maladroit et touchant lorsqu’il ne sait pas comment se placer au milieu de ses jeunes Hmongs et qu’il se met dans un coin, s’essayant une pause de jeunot sur un frigo, qui se met à basculer... et qu’il se met aussitôt à réparer ! Walt se surprend à laisser libre cours à ses émotions, il retrouve son humanité perdue avec cette famille hmong, avant même de manifester du souci à nouveau pour sa propre famille (lorsqu’à la fin du film il se décide à appeler son fils, juste pour savoir s’il va bien).
En deuxième partie de film, lors de la transformation, on retrouve alors un peu tous les personnages de Clint Eastwood réunis en Walt Kowalski, dont Harry, le cow-boy des temps modernes qui n’a pour religion que son Magnum 44 et qui se veut le pourfendeur d’une criminalité de plus en plus présente. L’humour aussi a la part belle dans le personnage de Walt, un humour grossier et raciste qui en devient touchant. Oscillant entre force d’esprit et fragilité physique, il est toujours stoïque, même à l’approche de la mort. Le film évolue en espace clos, les jours défilent à la manière d’une pièce de théâtre, et progressivement, car il ne se passe quasiment rien au début. Mais cet attentisme provoqué à tort n’est que la juste interprétation d’une histoire simple et authentique sur l’humanité. Non, à la fin le justicier ne sortira pas sa kalachnikov, mais se laissera mourir face au gang. La mort côtoie l'héroïsme, qui a toujours ses moments de faiblesse, thème récurrent du réalisateur.
Doit-on voir dans ce récit cinématographique une forme d’autobiographie de l’acteur et réalisateur Clint Eastwood ? Sans doute, car les faiblesses d’un homme d’âge mûr semblent si bien coller à la peau de Clint, comme lorsqu’il se lève essoufflé par l’effort et gravit avec peine les marches de la maison ou lorsqu’il tape du poing et savoure une cigarette. Peut-être y trouvera-t-on aussi une réponse aux reproches adressées à ses rôles de fascistes insensibles, en nous livrant en fin de carrière un film profondément humain. Il n’est jamais trop tard pour changer et donner un sens à sa vie. On se laissera bercer par la Musique jazz du générique de fin, avec la chanson "Gran Torino" interprétée en partie par Clint Eastwood lui-même, un dernier clin d’œil ?
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